Encéphalite japonaise
Réservée au sud-est asiatique, Inde et Océanie
Mis à jour le 30-11-2017 | Publié le 04-06-2006 - Lu 30 500 fois
L'encéphalite japonaise est une infection virale aiguë du système nerveux central due, comme la fièvre jaune et la dengue, à un arbovirus appartenant à la famille des flavivirus.
Le virus de l'encéphalite japonaise est transmis par la piqûre du moustique Culex tritaeniorhynchusa, moustique qui ne pique que le soir (à la tombée de la nuit et toute la nuit). Sa piqûre est douloureuse et donc ne passe pas inaperçue. Les villes sont en général épargnées et la transmission de la maladie est maximale dans les zones rurales où pullulent les moustiques, surtout pendant la période des pluies ou de la mousson. Le Culex, qui se reproduit beaucoup dans les rizières et les marigots, pique certains animaux, en particulier les porcs mais également les oiseaux et accidentellement l'homme.
Cette maladie est présente dans tout le sud-est asiatique, en Chine, en Corée, en Inde et dans certaines régions d'Océanie. Ce virus, qui a maintenant pratiquement disparu au Japon, entraîne une pathologie devenue problématique en Thaïlande où elle a atteint un taux de mortalité de 10 à 20 pour 100 000 habitants et par an.
Clinique
Après une période d'incubation de 4 à 14 jours, la plupart des infections par le virus de l'encéphalite japonaise sont bénignes (fièvre et céphalées) ou sans symptômes apparents. Mais environ 1 infection sur 250 entraîne une maladie grave caractérisée par l'apparition brusque d'une forte fièvre, des céphalées, une raideur de la nuque, une désorientation, un coma, des crises convulsives, une paralysie pouvant entraîner le décès. Des convulsions se manifestent chez plus de 75 % des patients pédiatriques, mais moins fréquemment chez les adultes.
Le taux de létalité chez les cas cliniques graves est estimé de 20 à 30%, les jeunes enfants (< 10 ans) présentant un plus grand risque de maladie grave et un taux de létalité plus important.
Diagnostic
Le diagnostic formel repose sur des examens biologiques adaptés à la recherche de ce virus : sérologies (recherche des antigènes du virus ou des anticorps produits par l'organisme pour lutter contre le virus) et isolement du virus (culture du virus sur milieu cellulaire), pratiqués sur le sang et le liquide céphalo-rachidien. On note également une élévation des globules blancs et plus particulièrement des polynucléaires neutrophiles.
Traitement
Il n'y a pas actuellement de traitement spécifique. Seules des mesures de prophylaxie existent : la protection personnelle anti vectorielle et la vaccination.
La protection personnelle anti vectorielle
Pour les touristes européens, passe donc par la lutte contre son vecteur le moustique. Le moyen le plus efficace pour combattre ce moustique est d'éliminer ses lieux de ponte (soucoupes, petits récipients, déchets, réservoirs, vases, pneus, etc.).
Il est conseillé aux voyageurs de se protéger des piqûres de moustique. Il convient de respecter les mesures habituelles de lutte anti-vectorielle :
- port de vêtements couvrants ;
- répulsifs anti-moustiques, contenant du DEET, sur la peau découverte ;
- vêtements et moustiquaire imprégnés d'insecticide pour la sieste et la nuit ;
- les personnes qui utilisent un écran solaire doivent appliquer le répulsif 20 minutes après l'écran solaire.
La prévention repose sur la lutte anti-vectorielle, qui présente de sérieuses limites sur le terrain.
La vaccination
En Europe, seul le vaccin IXIARO est disponible. Il s'agit d'un vaccin inactivé préparé sur cellules Vero.
Il est également commercialisé sous plusieurs noms hors de l'Europe : JESPECT en Asie, JEEV en Inde.
Le schéma vaccinal comprend 2 doses chez les personnes âgées de 2 mois et plus.
Une dose de rappel pour les personnes à partir de un an après la primo-vaccination est recommandée pour ceux qui se trouvent en situation d'exposition persistante au virus de l'encéphalite japonaise. Chez les enfants, il n'y a pas actuellement de recommandation de dose de rappel.
Un vaccin vivant atténué disponible depuis 1988 en Chine (CD.JEVAX) est maintenant employé dans un nombre croissant de pays asiatiques.
Un vaccin vivant recombinant est disponible en Australie depuis 2010 et utilisé depuis dans un grand nombre de pays asiatiques (IMOJEV, JE-CV, ChimeriVax-JE).
Des co-administrations ont été évaluées chez l'adultes avec le vaccin IXIARO , associé au vaccin contre l'hépatite A, au vaccin contre la rage, au vaccin méningococcique tétravalent. L'immunogénicité et la tolérance du vaccin IXIARO ne sont pas modifiées que celui-ci soit administré seul ou associé aux autres vaccins.
Comme pour le paludisme, les mesures de lutte anti-moustiques (voir lutte anti-vectorielle) sont indispensables et participent à la prévention du paludisme et d'autres viroses (la Dengue, par exemple) transmises par les moustiques.
Recommandations pour les voyageurs
Depuis le 1er février 2013, l'autorisation de mise sur le marché du vaccin IXIARO permet l'utilisation du vaccin dès l'âge de 2 mois.
Dans son avis du 20/09/13, le Haut Conseil de la santé publique a réactualisé les recommandations de la vaccination contre l’encéphalite japonaise par IXIARO.
Le Haut Conseil de la santé publique ne recommande pas la vaccination systématique contre l'encéphalite japonaise pour tous les voyageurs qui se rendent en Asie ou en Océanie.
Il recommande la vaccination par le vaccin Ixiaro pour les personnes âgées de 2 mois et plus, dans des circonstances particulières :
- Séjour en zone endémique (quelle qu'en soit la durée), avec exposition en milieu extérieur (cyclisme, camping, randonnée, travail à l'extérieur), plus particulièrement dans les zones rurales : zones où l'irrigation par inondation est pratiquée (rizières), à proximité d'élevages de porcs, en période d'épidémie (ou de circulation accrue du virus chez l'animal dans les pays à couverture vaccinale élevée chez l'homme).
- Expatriation dans un pays situé dans la zone de circulation du virus.
- Toute autre situation jugée à risque par le médecin vaccinateur.
Le Haut Conseil de la santé publique rappelle l'importance des mesures individuelles de protection contre les piqûres de moustiques (répulsifs cutanés, moustiquaires et vêtements imprégnés d'insecticide).
De rares cas chez des voyageurs n’ayant a priori pas quitté le milieu urbain ayant été rapportés, le Haut Conseil de santé publiqueSources : OMS
HCSP souhaite que ces recommandations soient révisées régulièrement, en fonction de l’évolution de l’épidémiologie de la maladie.
Auparavant, le vaccin contre l’encéphalite japonaise n'était disponible que dans les Centres de vaccinations internationales, afin que le risque puisse être évalué de manière individuelle et pour faciliter le suivi de la pharmacovigilance. Depuis juillet 2014, le vaccin Ixiaro peut être délivré sur prescription médicale dans les pharmacies de ville.
Le schéma vaccinal
- Primo-vaccination de l'adulte : deux doses de 0,5 ml à J0 et J28
- Schéma rapide pour les adultes âgés de 18 à 65 ans: deux doses de 0,5 ml à J0 et J7 (schéma rapide validé depuis juin 2015)
- Primo-vaccination des personnes de 3 à 17 ans révolus : deux doses de 0,5 ml à J0 et J28 ;
- Primo-vaccination des enfants âgés de 2 mois à 3 ans : 2 demi-doses (0,25 ml) à J0 et J28 ;
Rappel
- Chez les enfants et les adolescents : en situation d'exposition continue au virus de l'encéphalite japonaise (résident dans les zones d'endémie) doivent recevoir une dose de rappel, 12 à 24 mois après la primovaccination. Il n'y a pas de données de séroprotection au delà de 2 ans.
- Chez les adultes de 18 à 65 ans : une dose (troisième dose) dans la deuxième année, c'est-à-dire 12 à 24 mois après la primo-immunisation est recommandée, avant une exposition éventuelle au virus de l’encéphalite japonaise. Une seconde dose de rappel devrait être administrée 10 ans après la première dose de rappel, avant une exposition potentielle au virus de l'encéphalite japonaise.
- Chez les adultes de plus de 65 ans et plus : une dose (troisième dose) dans la deuxième année, c'est-à-dire 12 à 24 mois après la primo-immunisation est recommandée, avant une exposition éventuelle au virus de l’encéphalite japonaise. Il n'y a pas de données disponibles pour l'administration d'une deuxième dose de rappel.
Sources :
- OMS
- HCSP
- BEH "calendrier vaccinal"
- BEH "voyageurs"
Article mis à jour par Claude Hengy - Médecin-biologiste.
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